Coupe du monde 2014, enjeux métaphysiques et capillaires

Le suspens est à son comble, le Brésil est-il prêt à accueillir la coupe du monde de football ? Quelle angoisse ! Les journalistes de tous bords rivalisent d’ingéniosité pour créer une intensité dramatique inégalable : les stades seraient en cours de construction à quelques heures de la cérémonie d’ouverture, il paraît même qu’ils envisagent de continuer les travaux pendant les matchs, les joueurs seront même invités à mettre la main à la patte, l’équipe qui aura le mieux avancé dans les travaux bénéficiera de points bonus en cas d’égalité au lieu de recourir au ridicule goal average. Trop classe !!!

Dans le sillage de ces angoissants questionnements métaphysiques, le même petit monde médiatico- sportif semble découvrir (enfin ?!) que les inégalités sociales au Brésil n’ont d’égales que la ferveur populaire pour cet opium du peuple.

Trêve de considérations extra-footballistiques, et réjouissons nous ! Mes pensées émues vont aux 32 fois 22 milliardaires décérébrés qui vont courir derrière un ballon, aux milliers de supporters peinturlurés qui vont scander des chants guerriers, aux millions de pères de famille qui vont régresser à l’état d’adolescents pré-pubères et élire domicile dans des cafés/pubs plus ou moins enfumés pour hurler en groupe, aux nombreuses femmes sincèrement passionnées de foot qui auront droit à la question condescendante de moultes crétins « depuis quand tu t’intéresses au foot, toi ? » qui considèrent encore le foot comme le dernier bastion de la virilité , à toutes celles qui s’en fichent royalement mais qui vont se sentir obligées de se lancer dans des analyses pointues histoire de ne pas vivre en autarcie dans un couvent de jeunes filles pendant un mois (beurk !).

Pour ma part, au-delà des enjeux économico-nationalistes, je suis surtout sensible aux enjeux capillaires ! J’attends avec impatience de scruter minutieusement les nouvelles tendances capillaires footballistiques qui seront très probablement adoptées par les males de la terre entière indépendamment de leur degré de mocheté… Affaire à suivre…

Devant tant d’excitation planétaire, je ne peux m’empêcher de penser qu’après tout, les joueurs ne font que leur travail à l’instar de n’importe quel quidam.

Imaginons, un comptable travaillant sagement et laborieusement dans son bureau encouragé par des centaines de milliers de personnes scandant son nom, sifflant les interventions du patron acariâtre, activité relayée en direct par tous les médias de la galaxie et commentée par des experts passionnés, diffusion entrecoupée de films publicitaires rivalisant d’imagination vantant les effets bénéfiques de mousses à raser ou boissons gazeuses sur les comptables.

Bien sûr notre comptable gagnerait des milliards de n’importe quelle devise que vous voulez, il roulerait en porsche-mazeratti-zahia, fréquenterait des mannequins anorexiques à la morale douteuse et prendrait sa retraite à 35 ans après un super jubilé où tous les anciens comptables de la boîte viendraient « compter » avec lui.

Enthousiasmons nous pour cette fête du football et rêvons, vibrons, rions, crions !!!! Au diable la vie réelle et les incertitudes du lendemain, le réchauffement climatique, la promotion planétaire des extrémismes en tous genres, la paupérisation des masses …

Mais s’il faut rêver, rêvons aussi et surtout d’une coupe du monde des instituteurs, des infirmières, des éboueurs, des juges … qui susciterait autant de passions !!! En même temps, je dis ça, je ne dis rien …