France- Honduras : facile, trop facile ?

Publié le par Magriz

France- Honduras : facile, trop facile ?

Premier dimanche de la coupe du monde, entrée en lice des bleus, et excellente nouvelle : ils sont descendus du bus !!! Alléluiaaaa …

Les médias français sont au taquet, les chaînes d’information passent en boucle depuis une semaine les détails croustillants des vies de ces futurs sauveurs d’une France qui se veut patrie des droits de l’homme mais qui a mal à ses fondamentaux : un président qui fait le joli cœur en scooter, une droite tsunamisée par des scandales d’une « glauquitude » à faire rougir Berlusconi, une extrême droite de plus en plus blonde, populaire, omniprésente et qui peut compter sur des VRP tristement célèbres (dans le désordre Mohamed Merrah, Jean François Coppé, Eric Zemmour, Alain Finkielkraut, le chômage, l’immobilisme de la classe politique, la vie sentimentale de Hollande, l’omniprésence des documentaires sensationnalistes sur l’insécurité, les cités, les roms, les autres, les terroristes, le voile et… sûrement Julie Lescaut).

Pour sortir de ce contexte anxiogène, la pensée magique collective ne pouvait que rêver de revivre l’euphorie de 1998, du temps où la France Black-Blanc-Beurre festoyait aux champs Elysées générant une émulation collective sans précédent.

Seulement, à force de faire du foot-bashing depuis une dizaine d’années de manière constante et violente, cette équipe de France était devenue encore moins populaire que la réforme des retraites, ce qui n’est pas une mince affaire….

Une jolie campagne médiatique a été alors mise en place autour d’une équipe new look, qui s’est racheté une virginité affichant des mines de bons pères de famille, servant des discours mielleux aux journalistes, virant les joueurs qui pourraient rappeler les vicissitudes du passé et exerçant un déni collectif concernant l’aventure pittoresque sud africaine. Ce beau projet n’aurait pas pu aboutir sans un entraîneur taillé sur mesure, Didier Deschamps : une allure d’anti-héro mais suffisamment de succès pour être crédible, ex-membre la dream team de 1998 mais avec une mine de chien battu à souhait et l’air de s’excuser en permanence. Je dois avouer que je rêve d’avoir un Deschamps de poche, en cas de bêtise, je le dégaine pour qu’il s’excuse à ma place …

Le cœur du public français reconquis, il fallait gonfler le capital confiance des bleus avant le grand départ au Brésil et leur servir sur un plateau d’argent une exotique équipe Jamaïcaine dont ils honorèrent la cage à huit reprises. Tant qu’à faire, ils auraient tout aussi bien les faire jouer contre l’équipe des minimes du PSG…

Inutile de préciser qu’à la faveur d’un tirage tout aussi jamaïcain, nos futurs héros se retrouvent dans un groupe composé des équipes les moins glamour de l’univers : la Suisse, l’Equateur et le Honduras. Ce dernier allait Hondurer (désolée pour le mauvais jeu de mots) les assauts des bleus regonflés à bloc qui n’ont même pas eu à chanter la Marseillaise (la faute à un soi-disant problème technique) et qui ont ainsi évité d’être traînés dans la boue s’ils n’avaient pas égalé les performances des chœurs de l’armée rouge.

Et, cerise sur le gâteau, le néo-Zidane de service (Benzema) a fait consciencieusement son job en marquant à deux reprises, nous permettant d’apprécier les 150 dents des commentateurs de TF1, reflétant la joie et l’espoir de tout un peuple qui se met d’ores et déjà à préparer sa tenue pour défiler un prochain soir de juillet aux Champs Elysées en compagnie des incontournables drapeaux algériens.

La France a ouvert la boîte de Pandore, tout cela semble facile, trop facile… pouvant prédire une chute d’autant plus brutale. Pourtant, je ne peux m’empêcher de croire en la force de l’auto-persuasion. Comme dirait le grand philosophe Karl Lagerfeld, « faites croire à une jeune fille quelconque qu’elle est la plus belle femme du monde et elle le deviendra ».

En tous cas, que cette méthode Coué à la française aboutisse à un happy end ou à un naufrage lamentable, l’essentiel est…. qu’ils soient descendus du bus !

En même temps, je dis ça je ne dis rien…

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